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Marseille, théâtre Toursky : Pierre Richard, un seul-en-scène performant et authentique. « J’suis là mais j’suis pas là »

Gageure réussie haut la main pour le comédien Pierre Richard qui donnait au Théâtre Toursky, le 9 janvier 2024, devant une salle comble, un seul en scène joyeux et émouvant, écrit par Pierre Richard et Christophe Duthuron: « J’suis là mais j’suis pas là »


Marseille, théâtre Toursky : Pierre Richard, un seul-en-scène performant et authentique. « J’suis là mais j’suis pas là »
“La phrase que j’ai peut-être entendue le plus souvent, à part « Bonjour, ça va ? », « À la tienne » ou « Pardon, mais vous me marchez sur le pied », est sans doute celle-ci : « Êtes-vous aussi distrait dans la vie que dans vos films ? … Je compte prouver de manière irréfutable et définitive que je ne suis pas distrait, tordre le cou des mauvaises langues – ce qui, entre parenthèses, est un tour de force anatomique -, bref, mettre enfin un terme à un demi-siècle de malentendu.” Pierre Richard

Au fond, je ne sais pas vraiment si Pierre Richard a réussi, malgré le nombre de portes qu’il ouvre, franchit et referme dans son spectacle, à prouver que l’image qui lui colle à la peau est surfaite… Mais il aura réussi, avec ce quatrième seul-en-scène, à démontrer qu’il reste l’icône du cinéma français et que sa réputation de grand comédien est tout-à-fait justifiée !

Aisance, authenticité et talent

Dans une forme olympique, à près de 90 ans, le désormais plus célèbre ‘distrait’ du cinéma français fait preuve, une heure trente durant, d’un formidable dynamisme et d’un talent certain. Voix chaude et claire, gestes assurés – mais oui !- Pierre Richard déploie sa créativité dans une ingénieux seul-en-scène à la construction millimétrée. Réjouissement général quand paraissent sur grand écran les extraits de films montrant ses plus belles étourderies et autres maladresses qui précèdent l’entrée en scène de l’artiste. Le public se laisse conquérir par la faconde de ce comédien qui nous raconte, avec humour et retenue, des moments de sa vie.
Un bémol peut-être à ce spectacle, mais si ténu… A un certain moment, Pierre Richard prend pour exemple un épileptique pour imager son propos. On eut préféré une autre comparaison, la stigmatisation n’étant jamais totalement anodine.

Une émotion partagée

Partager son intimité avec ses souvenirs, les mêler aux souvenirs de ceux qui ont traversé sa vie et qu’on a aimés est un exercice délicat et Pierre Richard aurait pu, à juste titre, s’y casser le nez ! Que nenni ! Ses évocations entrelacent judicieusement humour et tendresse et c’est justement parce que ces souvenirs-là sont racontés avec humour que l’émotion est au rendez-vous.

Nougaro, Higelin, Moustaki, …

Ses rencontres avec Ionesco, qu’il est chargé d’accompagner dans les bars pour l’empêcher de boire ! On imagine immédiatement la chute ! Nougaro, dont la maison partageait une cloison donnant sur sa chambre, à l’écoute, contre son gré bien-entendu et la nuit durant, des répétitions de son célèbre chanteur de voisin ! Et, la tendresse au bord des yeux, il se souvient de Nougaro, très imbibé, l’appelant aux aurores «Je suis sous, sous, sous ton balcon… » pour partager un dernier verre avec son copain. Le comédien versifie ‘façon Nougaro’ avec un accent inimitable. C’est bien lui, il renait sous nos yeux et nos rires… Et encore Moustaki qui le faisait dormir dans sa ‘piaule’, avec des nanas qui l’enjambaient dans la cuisine, son amitié pour le poète… ‘Ma liberté’ chante Moustaki. Et encore Higelin, et encore la mamie…

‘Sa’ liberté pour saluer le public

Ce seul-en-scène, ce monologue de la fin, c’est ‘sa’ liberté, celle de Pierre Richard, de dire, une fois encore, ce qui le touche, ce qu’il veut communiquer. Il le fait simplement, en leur rendant hommage et en faisant rire, sourire. Il est tendre. Pour terminer, il s’assoit sur un fauteuil rouge et s’adresse au public. En quelques mots, naturellement, sans façon, Pierre Richard nous invite à réfléchir à la vie, à l’empathie, Il s’attache à l’essentiel et nous encourage à le faire. Ce n’est pas un adieu mais ça en a tout l’air.
Bravo l’artiste !
Danielle Dufour-Verna

Danielle Dufour-Verna
Mis en ligne le Jeudi 15 Février 2024 à 23:56 | Lu 453 fois

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